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Recherche en économie versus blogs d’économie

Daron Acemoglu et James Robinson, à propos des différences entre la recherche en économie et les blogs d’économie :

Another aspect is the divide between what the academic research in economics does — or is supposed to do — and the general commentary on economics in newspapers or in the blogosphere. When one writes a blog, a newspaper column or a general commentary on economic and policy matters, this often distills well-understood and broadly-accepted notions in economics and draws its implications for a particular topic. In original academic research (especially theoretical research), the point is not so much to apply already accepted notions in a slightly different context or draw their implications for recent policy debates, but to draw new parallels between apparently disparate topics or propositions, and potentially ask new questions in a way that changes some part of an academic debate. For this reason, simplified models that lead to “counterintuitive” (read unexpected) conclusions are particularly valuable; they sometimes make both the writer and the reader think about the problem in a total of different manner (of course the qualifier “sometimes” is important here; sometimes they just fall flat on their face). And because in this type of research the objective is not to construct a model that is faithful to reality but to develop ideas in the most transparent and simplest fashion; realism is not what we often strive for (this contrasts with other types of exercises, where one builds a model for quantitative exercise in which case capturing certain salient aspects of the problem at hand becomes particularly important). Though this is the bread and butter of academic economics, it is often missed by non-economists.

En ce jour de remise du Prix-Nobel-d’économie-qui-n’en-est pas-vraiment-un, il est intéressant de noter que Daron Acemoglu a une probabilité qui tend vers p = 1 de recevoir ce prix dans les 20 prochaines années (c’est une probabilité subjective, cela va de soi, mais c’est un prior largement partagé au sein de la communauté des économistes, et même au-delà).

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Rationalité Limitée 2.0

Comme vous pouvez le constater si vous lisez ces lignes, après de longs mois de totale inactivité, ce blog montre quelques signes de vie. J’ai effectivement décidé de redémarrer la machine, au moins provisoirement et à un rythme qui ne sera pas celui des premières années, mais que j’essaierai de rendre le plus régulier possible. Ecrire des billets me manquaient et j’ai pu me rendre compte à l’occasion de quelques colloques cet été que le contenu du blog était utile à des enseignants, doctorants, chercheurs.

L’inactivité de ces derniers mois s’expliquent par plusieurs facteurs, qui pour la plupart d’entre eux existent toujours. J’ai pu m’apercevoir que le blog tel que je l’animais devenait de plus en plus difficile à tenir en ayant en parallèle une activité de recherche soutenue. Quand je dis « activité de recherche soutenue », j’entends par là le fait de mener plusieurs projets de recherche en parallèle, ce qui fait que l’on est plus ou moins toujours en train de rédiger quelque chose. Ajouter la rédaction de longs billets rend le tout assez épuisant mentalement. Comme je ne prévois pas de diminuer le rythme de mon activité de recherche, il en découle que vous trouverez moins souvent de longs billets comme j’avais l’habitude d’en faire… ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en aura plus du tout (cf. le prochain billet !). Une autre raison (malheureusement elle aussi toujours valable) à la cessation d’activité du blog est le contexte dans lequel se trouve la recherche en économie en France et de son évaluation. Soyons clairs, si vous voulez « faire carrière » (et bientôt peut être, si vous ne voulez pas vous retrouver à ne faire que de l’enseignement) dans la recherche, il n’y a qu’un seul maître-mot : « publier », et de préférence dans des revues « prestigieuses ». C’est ce que je fais (« publier », parce que pour l’instant les revues « prestigieuses » elles attendent toujours, même si j’ai bon espoir), d’abord parce que j’y prend plaisir et que je pense que cela fait partie de la fonction sociale du chercheur. Mais l’optique dans laquelle est menée l’évaluation de la recherche, tout spécialement en économie, où n’ont de valeur que les publications dans des revues (dont le périmètre se ressert de jour en jour), qui surtout ne doivent pas relever d’une autre discipline (sauf si c’est Nature ou Science), et où toute autre activité de diffusion auprès du « grand public » ou même d’activité « semi-académique » (ainsi que j’envisage ce blog) n’est pas du tout valorisée (à la rigueur, c’est même plutôt l’inverse), n’incite pas à donner son temps gratuitement. J’ai souvent tendance à me dire, « si les règles sont stupides, eh bien soit, je vais me comporter de manière stupide ». Traduction, « vous » (on ne sait pas trop qui d’ailleurs) voulez des chercheurs « produisants » ne s’adressant qu’à la poignée de confrères capables de donner du sens à ce que vous racontez, une recherche coupée de la société et même des autres disciplines et où la seule motivation est de publier dans des revues ultra-spécialisées pour toucher la PES (prime d’excellence scientifique), eh bien c’est ce que je vais faire.  Mais, chassez le naturel, et il revient au galop. Et donc me revoilà.

Malgré tout, comme je l’ai dit, ces facteurs existent toujours et il faut faire avec. Par conséquent, vous continuerez à trouver sur ce blog des réflexions en liant avec mes thèmes de recherche et s’inscrivant dans le champ de la « philosophie de l’économie » au sens le plus large. Comme c’était déjà le cas durant la dernière année d’activité du blog, je ne traiterai pas (ou très peu) l’actualité économique, je ne parlerai pas de macroéconomie ou d’économie financière. Ceux qui sont essentiellement intéressés par la crise financière, la crise de la zone euro, etc. ne trouveront donc probablement pas leur bonheur ici. Par contre, ceux qui portent un intérêt pour les fondements philosophiques de la science économique ou des sciences sociales de manière générale et qui, le matin en se levant, se demandent « mais qu’est-ce donc un modèle pour un économiste ? » ou « la rationalité pour un économiste, c’est quoi exactement ? » devraient se plaire.

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