Je recommande la lecture de ce long billet de Tom Slee qui s’intéresse à la manière dont on peut rendre des révolutions telles que celles du « printemps arabe » à l’aide de modèles de dynamique sociale, notamment via des agent-based models (ABM). La discussion proposée par Slee est basée sur un de ses working papers. J’avais développé des idées similaires l’année dernière dans un billet sur les révolutions dans le Moyen-Orient.
Parmi les points intéressants qu’il aborde, Slee souligne que la nature même des ABM amène à ignorer certains facteurs comme les institutions ou l’identité sociale :
adopting a network model means relegating organizations and institutions to the periphery, and moving ideas of « self-organization », connectivity, and peer-to-peer communication to the centre — not because of any factual conclusion but because some concepts can be expressed naturally within a network model and others can’t. Concepts of symbolism, identity, institutions, and the difficulty of establishing trust are hard to express and so get pushed aside or ignored completely. The popularity of agent-based models doesn’t disprove the importance of such concepts, it just makes us blind to them
Cela renvoie évidemment à ce que je disais hier. La modélisation des institutions ou de l’identité sociale n’est pas impossible en principe, mais pas nécessairement évidente à réaliser. Concernant la question spécifique de l’identité sociale, une piste me semble la modélisation (mathématique, pas computationnelle) proposée par Alan Kirman , Myriam Teschl et Ulrich Horst qui rend compte de la formation endogène des groupes sociaux. Ce type de modélisation est un moyen de représenter une forme d’interaction « inter-niveaux » entre les agents et la « structure sociale ».