Le dernier numéro de la revue Philosophy of the Social Sciences comporte un certain nombre d’articles très intéressants, dont deux plus particulièrement s’intéressent à la nature des explications en termes de mécanisme : « Overcoming the Biases of Microfoundationalism: Social Mechanisms and Collective Agents » de T. Kaidesoja et « Generative Explanation and Individualism in Agent-Based Simulation » de C. Marchionni et P. Ylikoski.
Les deux articles montrent que les explications en termes de mécanisme ne requièrent pas nécessairement de faire reposer l’analyse sur des micro-fondements. Autrement dit, on peut expliquer les phénomènes sociaux en termes de mécanismes sans pour autant nécessairement partir des actions et des croyances des individus. Il est légitime d’invoquer des mécanismes macro-sociaux dans l’explication. L’article de Marchionni et Ylikoski défend plus particulièrement en ce qui concerne les simulations multi-agents en montrant que ces modèles génèrent souvent des mécanismes qui reposent sur des objets « macro » non-réductibles à des propriétés que l’on pourrait attribuer à des individus. J’ai développé une idée similaire, dans une perspective un peu différent toutefois, dans ce papier. Toujours sur ce sujet de l’explication en termes de mécanismes, ce papier de Daniel Little est particulièrement intéressant (voir ce post pour un résumé des idées principales de l’article).