J’ai achevé l’élaboration d’un diaporama sur l’utilitarisme et la théorie de l’utilité espérée pour mon cours « Economie normative et équité » dans le cadre du M2 recherche de ma fac. Vu qu’il aborde un thème souvent discuté ici, il pourrait intéresser un certain nombre de lecteurs. Tous les avis et commentaires sont les bienvenus ! Les deux autres diapos porteront respectivement sur le welfarisme et ses limites et sur la distinction entre prioritarisme et égalitarisme.
Archives de Tag: Harsanyi
Utilitarisme et théorie de l’utilité espérée: les deux théorèmes d’Harsanyi (diaporama de cours)
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Impartialité, éthique et représentation des choix sociaux
Parmi les commentaires et critiques développés à l’encontre de « l’utilitarisme de préférence » élaboré par John Harsanyi (voir ici et là), celle d’Amartya Sen est particulièrement digne d’intérêt. La critique de Sen consiste en substance à soutenir que l’utilitarisme d’Harsanyi (tel qu’il se matérialise dans son théorème d’agrégation et son théorème de l’observateur impartial) n’est en réalité pas utilitariste et, en fait, qu’il n’a rien d’une doctrine éthique. Selon Sen, les deux théorèmes d’Harsanyi ne démontrent pas des propositions de nature éthique, mais proposent « seulement » des méthodes formelles de représentation et d’agrégation des préférences individuelles. Lire la suite
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Nouveau working paper : « Harsanyi and the Impartial Observer »
Comme indiqué précédemment, je suis actuellement en train de travailler sur un papier pour une prochaine journée d’études. Voici une première version (très) provisoire, qui ne demande qu’à être améliorée. Commentaires et suggestions sont les bienvenus.
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Pourquoi l’économie comportementale ne conduit pas logiquement au paternalisme
La montée en puissance d’une nouvelle forme de paternalisme, parfois appelé « paternalisme libéral », est l’une des conséquences du développement de l’économie comportementale. A l’image de Gille Saint-Paul, pourtant un farouche opposant à toute forme de politique paternaliste, beaucoup d’économistes considèrent que les résultats de l’économie comportementale, combinés à « l’utilitarisme » constitutif de la science économique standard, conduisent logiquement à la préconisation de mesures paternalistes afin de maximiser l’utilité sociale. Dans ce billet, je vais néanmoins essayer de montrer que l’utilitarisme de la science économique, même associé aux résultats de l’économie comportementale, ne conduit pas nécessairement au paternalisme. Lire la suite
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Choisir sous voile d’ignorance : Rawls versus la théorie de la décision (3/3)
Troisième et dernière partie du billet ! Lire la suite
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Choisir sous voile d’ignorance : Rawls versus la théorie de la décision (2/3)
Deuxième partie du billet. La troisième et dernière partie demain.
Quelle est la légitimité du critère du maximin ? En quoi se critère est-il plus « moral » qu’un autre ? Est-ce vraiment le critère qu’utiliseraient des individus placés sous voile d’ignorance ? Il faut déjà noter que le maximin n’est bien sûr pas une invention de Rawls puisqu’il trouve son origine dans le théorème minimax de John von Neumann. Ce théorème s’applique à une classe particulière de problèmes de décision, les jeux à somme nulle, c’est à dire où les gains d’un joueur correspondent aux pertes de l’autre. Voici un exemple : Lire la suite
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Harsanyi et l’observateur impartial (2/2)
(Suite et fin du billet précédent)
Harsanyi semble donc avoir démontré l’existence d’un observateur impartial unique. Cerise sur le gâteau, cet observateur impartial serait utilitariste. Toutefois, n’est-ce pas trop « beau » pour être vrai ? Évidemment, il y a une vaste littérature (que je n’ai pas la prétention de connaître) qui examine les diverses facettes de la théorie d’Harsanyi. Les objections sont souvent très techniques, portant par exemple sur le fait qu’Harsanyi mélange préférences et utilité. C’est notamment une critique faite à l’ensemble de la théorie utilitariste d’Harsanyi : si l’utilité n’est qu’une représentation des préférences, il n’y a aucune raison de considérer uniquement des fonctions d’utilité satisfaisant les axiomes de von Neumann et Morgenstern. Mais si l’on accepte d’autres fonctions d’utilité, alors les conclusions utilitaristes ne sont plus valables. Or, Harsanyi ne donne aucune justification à son choix restrictif concernant les fonctions d’utilité considérées. Il faudrait alors adopter une interprétation « old school » des fonctions d’utilité, en termes d’état psychologique, pour sauver les conclusions utilitaristes, ce qui n’est évidemment pas satisfaisant. Lire la suite
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Harsanyi et l’observateur impartial (1/2)
(Billet en deux parties, la suite dès vendredi)
John Harsanyi est l’un des auteurs majeurs de la science économique du 20ème siècle. Théoricien de la décision, il est notamment à l’origine de la vaste littérature sur les jeux en information imparfaite. Harsanyi était aussi philosophe et, à peu près à même époque que Rawls (mais avant celui-ci), il a développé une théorie de la justice basée sur le concept de voile d’ignorance. A la différence de Rawls, qui a construit une théorie égalitariste de la justice sur la base du concept de maximin, Harsanyi a développé une théorie utilitariste fermement ancrée sur le concept de préférence et l’hypothèse de maximisation de l’utilité espérée. Le rôle que joue le concept de préférence dans cette théorie explique pourquoi on peut souvent lire que Harsanyi a développé un preference-based utilitarianism. Je vais revenir dans ce billet sur une composante essentielle de la théorie d’Harsanyi, les comparaisons interpersonnelles d’utilité et sur la thèse (un théorème plus exactement) selon laquelle on pourrait définir un observateur impartial unique identifiant une fonction d’utilité sociale à maximiser. L’impasse dans laquelle cette thèse débouche est en effet porteuse d’un certain nombre d’enseignements. Lire la suite
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Justice fiscale
Imaginez un ensemble de personnes placé sous voile d’ignorance devant s’accorder sur la définition des institutions organisant la société dans laquelle elles vont vivre. Les personnes ne connaissent ni leur future position sociale dans cette société, ni même leur « personnalité » (par exemple, leurs préférences). Les institutions devant être définies concernent tous les aspects de la vie socioéconomique, en particulier la fiscalité et les modalités de redistribution de la richesse. Maintenant, faisons une expérience de pensée et posons-nous la question suivante : peut-on imaginer un critère de décision derrière un voile d’ignorance (le maximin rawlsien débouchant sur le principe de différence, le critère bayesien et l’utilitarisme de règle à la Harsanyi, etc.) qui conduirait à ce que les artistes et les sportifs bénéficient « d’exceptions fiscales », comme par exemple ne pas être soumis à la taxation des revenus très élevés pourtant mis en place sous ce même voile d’ignorance ? Intuitivement, je dirais non (mais je ne demande qu’à être démenti).
Entendons-nous bien, je n’affirme pas que la « taxe Hollande » était une bonne idée économiquement parlant. C’est plutôt une réforme en profondeur de l’ensemble de la fiscalité qui est probablement nécessaire. Par ailleurs, même si l’on peut questionner la pertinence d’un raisonnement sur la justice par le biais du concept de voile d’ignorance, j’aurais tendance à être d’accord avec Ken Binmore pour dire qu’il s’agit d’un outil de réflexion qui permet de révéler nos conceptions profondes de la justice parce qu’il reflète finalement les conditions de vie incertaines de nos ancêtres. Peut-être que la mise en place d’une tranche d’imposition à 75% est une mauvaise idée, mais ce qui l’est encore plus c’est de maintenir cette mesure tout en instaurant des exonérations qui me semble défier le sens commun de la justice, et ceci pour de purs motifs de marchandage politique…
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