Comme certains des lecteurs de ce blog (qui n’est pas mort, contrairement aux apparences) le savent peut être, il existe depuis maintenant près de deux ans un « réseau Philosophie-Economie » réunissant quelques 400 chercheurs français et étrangers dont les travaux relèvent, totalement ou partiellement, de la philosophie de l’économie. Une des questions au cœur de la création de ce réseau (question qui a d’ailleurs fait l’objet d’un débat – peu alimenté – sur le site du réseau) est celle de savoir à quoi correspond véritablement la philosophie de l’économie. La diversité des travaux des chercheurs membres atteste que les frontières de cette sous-discipline à la frontière de la philosophie et de l’économie sont floues et mouvantes. La sortie récente de l’ouvrage Philosophy of Economics de l’économiste Don Ross vient à point nommer pour approfondir cette question.
N’ayant pas encore lu l’intégralité de l’ouvrage (j’ai été pas mal occupé ces derniers temps), je ne pourrai pas me prononcer sur l’ensemble des idées qu’il développe. On pourra juste noter en guise de préambule que l’auteur est un expert reconnu en philosophie et méthodologie de l’économie, qu’il a déjà publié un ouvrage particulièrement provocateur sur l’interaction entre science économique et sciences cognitives, et qu’il est un connaisseur pointu de la théorie économique et de ses derniers développements. Ce dernier point est essentiel, comme on va le voir plus bas. Il faut noter que dans cet ouvrage, Ross défend un point de vue très particulier sur ce qu’est la philosophie de l’économie et sur la nature de l’économie par rapport aux autres sciences sociales. Les positions de Ross, notamment concernant le statut de la théorie des préférences révélées et le statut des concepts renvoyant aux états mentaux des agents en économie, sont très idiosyncrasiques et sont de nature à susciter le désaccord (ou au moins la discussion). Une présentation plus neutre (mais pas forcément plus indiscutable) du champ de la philosophie de l’économie est proposé par Julian Reiss dans son manuel publié l’année dernière. A mon avis, les deux ouvrages gagnent à être lu en parallèle. Quoiqu’il en soit, ce qui m’intéresse ici est de savoir comment Ross définit la philosophie de l’économie, ce qu’il fait dès le premier chapitre de son livre.
La question du statut et de la définition de la philosophie de l’économie est évidemment indissociablement liée à celle, plus générale, de la définition du champ de la philosophie des sciences. La philosophie des sciences relève a priori du domaine de la philosophie et est à ce titre l’œuvre de philosophes. Les origines de la philosophie des sciences moderne sont certainement à trouver dans les travaux du Cercle de Vienne, ce groupe de philosophes d’Europe continentale qui, dans les années 1920 et 1930, ont amorcé une réflexion sur la nature des propositions et des théories scientifiques. Les premiers travaux de Karl Popper relatifs au critère de démarcation des propositions scientifiques (le fameux critère de réfutation) s’inscrivent d’ailleurs dans une continuité critique mais directe des réflexions du Cercle. La caractéristique distinctive de cette première génération de réflexions philosophiques sur la nature de la science est leur caractère définitivement normatif : de Carnap à Popper, il s’agissait pour ces philosophes de définir des critères délimitant ce que doit être la frontière entre science et non-science. Ces critères ne tombaient évidemment pas du ciel et étaient partiellement fondés sur les pratiques scientifiques de l’époque (essentiellement celles relevant des sciences physiques), mais un point essentiel est que ces dernières ne servaient pas à justifier les critères proposés par les philosophes. Ces derniers étaient en fait essentiellement le produit d’une réflexion philosophique indépendante, reposant le plus souvent sur des considérations logiques et sémantiques. Le point marquant de cette philosophie des sciences première génération, c’est la presque totale déconnexion entre les pratiques des scientifiques et les réflexions des philosophes des sciences.
Dans l’histoire « officielle » de la philosophie des sciences, il est souvent considéré qu’un tournant se produit aux alentours des années 1950-60 avec les travaux de Kuhn, Lakatos, Feyrabend et même du « second » Popper. A partir de cette époque, on considère que les philosophes des sciences sont plus intimes avec la science telle qu’elle est effectivement pratiquée (Lakatos était d’ailleurs mathématicien de formation, tandis que Feyerabend venait des sciences physiques). A l’image des travaux de Kuhn et Lakatos, la philosophie des sciences devient difficilement dissociables de la sociologie et de l’histoire des sciences. Cette évolution s’est poursuivie jusqu’au point de mener à ce que certains auteurs appellent parfois une philosophie des sciences « naturaliste », c’est-à-dire ancrée sur les pratiques effectives des scientifiques et qui rend compte de ces dernières à l’aide des outils développés par les sciences elles-mêmes.
Il est intéressant de constater que Ross ne partage pas véritablement cette histoire officielle. Même si l’ère du positivisme logique est définitivement terminée, Ross voit dans la philosophie des sciences comme discipline académique telle qu’elle est actuellement pratiquée une tentative désespérément ambitieuse de fonder une « logique des concepts ». Autrement dit, ce que font les philosophes des sciences (ou ce qu’ils pensent faire) c’est essentiellement interroger les concepts mobilisés par les scientifiques : qu’est-ce que signifient ces concepts pour les scientifiques ? Comment sont-ils utilisés ? Comment devraient-ils être utilisés ? Comment doivent-ils être reliés à d’autres concepts provenant éventuellement d’autres disciplines ? Pour répondre à ces deux dernières questions, de nature normative, les philosophes des sciences sont nécessairement amenés à définir des normes d’utilisation des concepts. C’est précisément cet aspect que rejette Ross :
The scientist hopes that the course of empirical discovery and theoretical refinement will make her technical concepts more coherent and consistent. She should not want – and if she is like most scientists she will not want – to adjust her structures for thinking and writing in accordance with normative pressure from philosophers. (p. 5)
Selon Ross, le philosophe et le scientifique ont nécessairement une approche radicalement différente vis-à-vis des concepts : les philosophes tendent par nature à pousser pour une forme de conservatisme dans l’utilisation des concepts, en définissant une norme basée sur l’usage passé (ou sur leur usage dans d’autres disciplines) de ces derniers. Les scientifiques au contraire ne se sentent pas (à raison) contraint par l’usage passé et/ou standard des concepts ; seul compte pour eux la pertinence empirique et théorique de ces derniers, étant données les questions posées par leur discipline. Même si Ross ne la cite pas à cet endroit (mais il en parle un peu plus tard, p. 48), on peut penser pour ce qui concerne la philosophie de l’économie à la récente et au demeurant très intéressante étude de Daniel Hausman sur le concept de préférence en économie. L’ouvrage de Hausman présente toutes les caractéristiques de la philosophie des sciences que Ross critique : après avoir étudié la manière dont les économistes utilisent le concept de préférence, Hausman critique et rejette cet usage sur la base d’arguments logico-philosophiques (ontologiques) et théoriques. Puis, finalement, il propose sa propre définition du concept, qu’il considère intrinsèquement comme la « bonne » définition. Pour résumer, ce que Ross rejette, c’est une philosophie des sciences (et donc, de l’économie) qui discute normativement de l’utilisation des concepts scientifiques sur la base de ce que l’on pourrait appeler une « folk ontology », i.e. une interprétation conventionnelle des concepts dans le cadre d’un jeu de langage wittgensteinien.
Qu’est-ce donc alors que la « vraie » (ou la « bonne ») philosophie de l’économie pour Ross ? Pour l’auteur, s’appuyant sur les travaux d’illustres philosophes tels que Daniel Dennett ou Philip Kitcher, la philosophie des sciences trouvent sa raison d’être dans le développement de réflexions autour de la réduction et de l’unification des disciplines scientifiques. Autrement dit, la valeur ajoutée du philosophe des sciences se trouve dans son aptitude à proposer une « vision », voire une théorie, relative à la manière dont les disciplines scientifiques s’articulent ou vont s’articuler entre elles. L’unification ontologique (la réduction ontologique étant une forme particulière d’unification) renvoie ainsi à l’idée que les concepts scientifiques d’une discipline donnée peuvent être développée de manière à acquérir une généralité telle qu’ils englobent les concepts ayant pour référent les structures et mécanismes étudiés par une autre discipline. Dans le cas de l’économie, une problématique évidente d’unification concerne sa relation avec la psychologie et les neurosciences : dans quelle mesure, par exemple, les concepts économiques de choix ou de préférences peuvent-ils où doivent-ils se réduire à, voir être subsumés dans, des concepts faisant références à des mécanismes neurologiques ? Un questionnement similaire peut être mené en ce qui concerne le rapport entre l’économie et la sociologie. Les relations de l’économie en termes d’unification et de réduction avec la psychologie d’un côté, la sociologie de l’autre, sont d’ailleurs au cœur de l’ouvrage de Ross.
Cette conception de la philosophie des sciences possède une évidente proximité avec l’histoire des sciences car la question de l’unification disciplinaire n’est pas un problème purement logique ou théorique. Elle dépend aussi de contingences historiques. Ce qui sépare l’historien des sciences du philosophe des sciences est toutefois que ce dernier adopte nécessairement une posture plus prospective et spéculative :
To put the matter the other way around, the philosopher of science as I am characterizing her role is a speculative, forward-looking historian of science with a special interest on interdisciplinary unification. (p. 13)
J’avoue me retrouver largement dans cette conception de la philosophie de l’économie. J’ai moi-même écrit des textes ou fait des présentations qui relèvent exactement de ce que décrit Ross : une réflexion prospective et spéculative sur l’évolution de la discipline et de ses rapports avec d’autres sciences, sur la base de son histoire plus ou moins récente. J’ai par ailleurs posté ici des working papers abordant l’intégration des concepts de règles et d’intentions collectives en théorie des jeux, sujets relevant indiscutablement de la problématique de l’unification. En même temps, on peut trouver cette définition particulièrement réductrice. Considérons le problème suivant : qu’est-ce qu’un modèle pertinent pour un économiste ? Comment un économiste produit-il de la connaissance à l’aide d’un modèle ? Il n’est pas évident que cette question rentre dans le cadre de la philosophie de l’économie selon Ross. Il me semble pourtant qu’elle fait partie intégrante du champ d’étude du philosophe de l’économie, à savoir produire une réflexion historiquement et théoriquement alimentée sur la manière dont les économistes produisent de la connaissance. Cette définition englobe celle de Ross puisque la réduction ou l’unification conceptuelle est un moyen de produire de la connaissance, mais elle ne saurait être le seul. De même, les réflexions philosophiques sur le concept de préférence (cf. ci-dessus) ou sur le concept d’individu et d’identité (voir cet ouvrage de John Davis), dès lors qu’elles ont une assise historique et/ou théorique, me semblent dignes d’intérêt.
Le point sur lequel je rejoins Ross au sujet de cette philosophie des sciences comme « étude des concepts » est l’aspect problématique de leur dimension normative : seuls les scientifiques sont légitimes à juger de la pertinence de l’usage des concepts dans leur discipline. Dès lors que le philosophe des sciences adopte un point de vue normatif, il se substitue au scientifique. Ce n’est pas gênant s’il dispose d’arguments théoriques (voire empiriques) pour appuyer son point de vue. Mais il sort alors de son rôle de philosophe stricto sensu pour devenir un scientifique à part entière : il n’étudie plus les concepts, il en créé de nouveaux. Ross lui-même fait ceci dans son ouvrage de 2005 lorsqu’il propose une redéfinition du concept d’agent en économie. A ce stade, la frontière entre philosophie de l’économie et théorie économique devient pour le moins poreuse.
Bravo pour votre admission ! Et merci pour cette réflexion qui permet de voir un peu mieux ce qui se cache derrière le terme de philosophie de l’économie. D’ailleurs, à ce propos, en vous lisant j’ai trouvé que cette discipline partage des points communs avec l’épistémologie. De sorte que la démarcation entre les deux me semble floue. Est-ce une mauvaise impression ?
C’est bien normal. L’épistémologie étant par définition la philosophie de la connaissance, elle comprend comme cas particulier la philosophie de la connaissance économique.
Mais surtout, l’épistémologie économique existe t’elle?
En dehors des axiomes, ne devrons nous pas considérer la philosophie économique des faits humains comme une « science herméneutique » ?
Enfin, faut-il être réductionniste pour pratiquer l’interdisciplinarité? Je ne crois pas forcément. La réalité est à la croisée des avancés de la science et du cours historique, pour gagner sur l’espace symbolique de l’unification ontologique formelle. Ross ne fait à mon sens qu’émerger un nouveau symbolisme basé sur l’ancien. .
Comme toujours, j’ai beaucoup de mal à comprendre ce qu’écrit Titan. Suis-je le seul ?
Pourtant, à vue de nez, ça l’air intéressant. Ou bien ne sont-ce que des mots ronflants alignés pour former des phrases vides de sens (« La réalité est à la croisée des avancés de la science et du cours historique, pour gagner sur l’espace symbolique de l’unification ontologique formelle. ») ?
Traduction en français SVP ?
Bonjour gdrean,
Les trois premières questions sont claires en effet, comparé à la pensée plus complexe que tu as relevé, dont je peux me justifier. Sous la métaphore filée, la signification un peu longue à détailler est la suivante:
Pour reprendre la thèse de l’auteur du blog CH, « l’institutionalisme historique », on peut dire que l’institutionnalisme n’est pas qu’historique au sens entendu de l’enchaînement chronologique des institutions. Sinon, on fait ce que l’on appelle de l’historicisme. Il y a un autre courant qui est l’épistémologie historique ou historiographie, qui pour faire court permet de repositionner l’historien au cœur de l’Histoire, voir comment R.Aron fait une philosophie de l’Histoire. Entre les tenants de l’épistémologie de l’Histoire, et ceux de l’historicisme, les deux ont raison, et l’un ne prévaut pas sur l’autre. Ainsi la réalité historique est composé de ces deux branches d’analyse de l’Histoire, qui sont dit littérairement » à la croisée des avancées.. ». Ensuite, je considère que le réductionisme, à savoir rassembler des disciplines comme les sciences cognitives et l’Histoire, n’est pas la preuve d’un savoir scientifique. Comme je l’ai dit plus haut, les sciences peuvent être un moyen de comprendre l’Histoire, mais l’Histoire se construit également sans être conduite par les sciences cognitives.
Enfin, j’ai défini l’ontologie comme un symbolisme car il n’y a pas d’identité unique entre l’Histoire et les sciences cognitives. L’un n’a pas déterminé l’avancée de l’autre. Au mieux, leur évolution est conjointe, au sens où l’Homme fait des progrès scientifiques pour faire évoluer positivement l’Histoire. Par ailleurs, l’ontologie est un terme philosophique, qui se comprend difficilement de l’Histoire. A t’on entendu parler d’une ontologie de l’Histoire? Ainsi, j’ai conclu sur le fait, que l’ontologie était avec le réductionnisme une façon de dire qu’on unit les disciplines, et que cela fait bien ensemble, sans critère de scientificité. Voilà pourquoi, j’ai indiqué que cette union des disciplines voulue par Ross était plus formelle, que basé sur une réalité constatable, comme le serait tout fait scientifique. Il s’agit donc d’un symbolisme à mon sens, car ce n’est pas réel. Et en plus, Ross n’a pas était le premier à développer l’idée du réductionnisme, idée symbolique qui existait déjà auparavant.
Merci gdrean en tout cas, j’essaye d’être plus synthétique depuis quelques temps dans mes posts, donc si je fais des raccourcis trop rapides, merci de me tenir au courant. Sur le post de Hayek, j’aurais aimé aussi reprendre notre conversation,
Un grand merci en tous cas pour me répondre au fond sans prendre ombrage de mon ton un peu persifleur. Vous êtes manifestement plus érudit que moi (et pas mal d’autres), ce qui vous pousse à des raccourcis souvent sibyllins que peu vous demandent d’expliciter.
En ce qui me concerne, je resterai dans ma posture d’amateur éclairé (si, si, un peu quand même…) profondément convaincu qu’il ne faut jamais perdre de vue les idées simples, surtout quand on s’en écarte.
Je ne vais pas commenter point par point, mais proposer un cadre de réflexion qui me semble très fécond car bien structuré.
Pour moi, tout ça est clair.
L’épistémologie s’intéresse entre autres à la définition des différents champs de la connaissance et des disciplines qui en traitent, et des relations entre elles. Sur ce point, j’adhère pleinement à la position « autrichienne » de Menger, exprimée par exemple par Ludwig von Mises :
“Cognition and prediction are provided by the totality of knowledge. What the various single branches of science offer is always fragmentary; it must be complemented by the results of all the other branches. From the point of view of acting man the specialization of knowledge and its breaking up into the various sciences is merely a device of the division of labor.”
(ce qui semble évident, sauf pour les économistes – c’est pourquoi il est bon de citer les quelques économistes qui le répètent)
Il s’ensuit que chaque science doit prendre comme hypothèses les conclusions des autres sciences, ou du moins ne pas utiliser d’hypothèses qui soient en contradiction avec les conclusions des autres sciences. C’est ma critique fondamentale (et celle des “autrichiens”) envers l’économie mainstream, qui repose sur des modèles du comportement humain en contradiction avec les conclusions les plus élémentaires de la psychologie, voire de l’expérience quotidienne, ce qui rend son discours extrêmement suspect a priori. S’il lui arrive quelquefois d’être pertinent, c’est un peu par hasard, et malgré ses méthodes et non à cause d’elles.
Ensuite, l’épistémologie s’intéresse également aux phénomènes que chacune des sciences étudie, à leurs caractéristiques et à la nature des connaissances auxquelles l’esprit humain peut accéder concernant ces phénomènes, ce qui est le domaine de l’ontologie, Enfin, elle en déduit les voies et moyens appropriés à la construction de ces connaissances, et c’est la méthodologie.
L’épistémologie générale se décline ainsi en épistémologies (et en ontologies, et en méthodologies) appliquées à chacune des branches de la connaissance. Elle porte bien un regard global sur l’ensemble des disciplines, mais c’est pour en identifier les particularités et non pour les “unifier”. Il est tout à fait normal que les méthodes applicables à des branches différentes de la science (par exemple l’économie et la physique) soient elles-mêmes différentes.
Sur les relations entre l’histoire et les autres sciences, là encore je suis fidèle à Menger: l’histoire est l’étude des phénomènes particuliers, la théorie est l’étude des lois générales qui régissent tous ces phénomènes particuliers.
Au total, pour définir l’économie en tant que discipline, il faut passer par trois dichotomies : d’abord entre les sciences historiques et les sciences théoriques, puis à l’intérieur des sciences théoriques entre les sciences humaines et les sciences de la nature, et enfin à l’intérieur des sciences humaines les sciences de l’individu et les sciences sociales (dont l’économie)
Cette définition est le fruit d’une réflexion philosophique nécessairement antérieure à la réflexion économique proprement dite. Le problème est que les économistes refusent que leur discipline soit définie par d’autres qu’eux. La phrase célèbre que cite Cyril “l’économie, c’est ce que font les économistes” est un bel aveu de cette présomption. De plus, depuis un siècle, les économistes veulent singer les sciences de la nature en croyant que ça rendra leur discipline plus respectable, alors que ça la rend inadéquate en lui faisant utiliser des démarches en conflit avec son objet.
Concernant spécifiquement l’économie et l’histoire, on tombe en plein dans la bouteille à l’encre parce que les deux mots souffrent de la même ambiguïté : ils désignent à la fois la chose étudiée, l’activité qui consiste à l’étudier et le résultat de cette étude. Si on utilisait trois mots différents, on s’apercevrait que, comme disait Wittgenstein « La plupart des propositions et des questions qui ont été écrites sur des matières philosophiques sont non pas fausses, mais dépourvues de sens. … La plupart des propositions et des questions des philosophes viennent de ce que nous ne comprenons pas la structure de notre langage…Et il n’est pas étonnant que les problèmes les plus profonds ne soient en somme nullement des problèmes. » (Tractatus logico-philosophicus,4.003) .
PS: quel post de Hayek ?