Physicalisme, exclusion causale et institutions

La question de la relation entre le corps (body), ou plus exactement le cerveau, et l’esprit (mind), est centrale dans le champ de la philosophie de l’esprit (pour un aperçu du champ, voir cet ouvrage et celui-ci). Depuis Descartes, un débat fait rage entre les partisans du dualisme (dont Descartes est le premier à l’avoir formulé) selon lequel corps et esprit renvoient à deux ensembles d’évènements et de propriétés bien distincts, et les partisans d’une forme ou une autre de matérialisme, selon lequel les propriétés de l’esprit (la conscience notamment) sont d’une manière ou d’une autre reliées aux propriétés de la matière, donc le cerveau.

S’il n’y a plus beaucoup de dualistes (mais apparemment, il y en a encore quelques-uns), les matérialistes sont loin d’être d’accord entre eux. Pour simplifier, il y a les éliminativistes (la conscience et toutes les autres propriétés liées à l’esprit sont une illusion, il n’y a rien au-delà de la matière), les fonctionnalistes (les états mentaux sont uniquement constitués par leur fonction) et les physicalistes (les états mentaux surviennent des états physiques du cerveau). Au sein des physicalistes, on distinguera les physicalistes réductionnistes et les physicalistes non-réductionnistes. Dans l’absolu, les premiers sont très proches des éliminativistes, car leur position consiste à affirmer lé réduction des états mentaux aux états physiques. Autrement dit, tout état ou évènement mental (une croyance, une douleur, une perception) a nécessairement une contrepartie dans un état ou un évènement physique (l’activation d’une zone spécifique du cerveau) pour s’y réduire de manière ultime. Les physicalistes non-réductionnistes défendent une position intéressante : un état mental M survient nécessairement d’un état physique P, mais ne s’y réduit pas dans le sens où M peut avoir une influence causale sur un autre état physique P’ (duquel survient un autre état mental M’). Ainsi, on ne peut réduire M à P parce que M a un pouvoir causal distinct de celui de P. Cette idée (qui correspond à ce que l’on qualifie parfois de « causalité descendante ») est essentielle car elle vient consacrer l’autonomie du mental par rapport au physique. Si l’on va un peu plus loin, le physicalisme non-réductionniste justifie l’existence des « sciences spéciales » (les sciences empiriques autres que la physique). Cela explique que cette version du matérialisme a notamment été défendue par des biologistes.

Le physicalisme non-réductionniste est évidemment âprement débattu. Parmi les objections qui ont été formulées, l’argument de l’exclusion notamment développé par Jaegwon Kim est particulièrement intéressant. Un point important à noter est que l’argument de Kim est purement logique et que, a priori, il s’étend à tous les domaines faisant intervenir une relation de survenance entre deux événement ou état, au-delà du débat mind/body. L’argument de l’exclusion  causale part du constat que le physicalisme non-réductionniste est constitué des 5 propositions suivantes :

1)      Les propriétés mentales M sont distinctes des propriétés physiques P

2)      Toute propriété physique P’ a une propriété physique suffisante P

3)      Les événements mentaux peuvent causer des événements physiques, en vertu de leurs propriétés mentales

4)      Les effets des causes mentales ne sont pas systématiquement surdéterminés (i.e. il n’y a pas d’autres causes que les causes mentales)

5)      Aucun effet n’a plus d’une cause suffisante, à moins qu’il soit surdéterminé.

L’argument de l’exclusion causale consiste simplement à indiquer que ces 5 propositions sont incohérentes et qu’il faut en abandonner au minimum une. Puisque les propositions 1 et 2 sont constitutives de toute forme de physicalisme, et que les propositions 4 et 5 sont généralement acceptées, seule la proposition 3 semble pouvoir être rejetée. Or, en son absence, on retombe sur la version réductionniste du physicalisme.

Je ne discuterais pas davantage l’argument de l’exclusion causale dans le cadre de la philosophie de l’esprit. Ce qui m’intéresse, c’est de voir dans quelle mesure cet argument est une objection à un « individualisme non-réductionniste » en sciences sociales, consistant notamment à défendre l’autonomie des institutions, et leur pouvoir causal sur les croyances et actions individuelles. Comme je l’ai écrit plus haut, l’argument de Kim est purement logique et donc, a priori, il doit être valable également pour les sciences sociales (même si Kim affirme le contraire dans ses écrits). Une série de travaux récents ont essayé de proposer une réponse à l’argument de l’exclusion causale en redéfinissant la notion de causalité comme intervention/manipulation, tel que cela est défendu par James Woodward (voir ici, ici et ). Dans cette approche (que j’ai exposé brièvement ici), on considère que la causalité permet l’intervention : si X cause Y, alors une intervention I sur X doit modifier l’état de Y. Cette approche de la causalité rend ainsi possible de parler de relations causales entre deux évènements macro-sociaux. Par exemple, dire que « l’inflation cause le chômage » est possible dès que l’on est capable de générer une intervention faisant varier une variable mesurant l’inflation et qu’il en résulte une variation de la variable mesurant le chômage. Dès lors que l’on accepte l’hypothèse de réalisations multiples (i.e. une même macro-propriété peut-être générée par différentes combinaisons de micro-propriétés), alors sur un plan strictement épistémologique, la relation de survenance entre deux propriétés P et M n’implique pas que l’on puisse ou que l’on doive expliquer une macro-propriété M’ de manière réductionniste (par la relation causale entre P et P’).

Ce n’est toutefois pas véritablement une réponse à l’argument de l’exclusion causale ni une défense du physicalisme non-réductionniste. En effet, selon la proposition 3, il est postulé qu’une propriété mentale peut causer, non pas une autre propriété mentale, mais une propriété physique. Ramené dans le cadre des sciences sociales, cela reviendrait à dire par exemple qu’un agrégat économique (l’inflation) ou une institution (le droit de propriété par exemple) pourrait causalement modifier (au sens de Woodward) les croyances et action des agents. Or, si l’on accepte le principe de survenance (qui implique qu’une même macro-propriété M doit survenir d’une même micro-propriété, ou ensemble de micro-propriétés, P), cela n’a tout simplement pas de sens. La démonstration est très simple (voir cet article pour un développement très clair) : pour qu’une macro propriété M cause une micro-propriété P’, il faut que je puisse intervenir sur M. Une des conditions posées par Woodward pour que l’intervention I soit valable est que I n’affecte pas simultanément la valeur d’une autre variable causalement reliée à P’. Or, par le principe même de survenance, toute intervention sur M implique nécessairement une modification de P. Autrement dit, on ne peut pas intervenir sur M sans intervenir simultanément sur P. Conclusion, M ne peut pas causer P’ au sens de Woodward.

Pour prendre un exemple concret, si je voulais étudier l’effet causal de l’inflation sur les croyances et action des individus, il faudrait que j’intervienne directement sur le niveau d’inflation. Or, l’inflation survient de l’ensemble des décisions prises par les agents dans une économie. La modification du niveau d’inflation reviendrait donc nécessairement à modifier ces décisions, et en réalité on n’étudierait pas l’effet causal de l’inflation sur les décisions des agents, mais l’effet causal d’un ensemble de décision en t sur l’ensemble de décisions en t+1. Le raisonnement est le même avec les institutions : une institution ne semble être rien de plus que le produit des actions qui la génèrent. Par exemple, l’institution de la propriété n’existe que parce que les individus se comportent de telle sorte qu’ils s’approprient les objets d’une manière bien particulière. De manière générale, toute norme ou toute convention peut se réduire à un ensemble de croyances et de comportements, et ce sont ces croyances et ces comportements qui amènent les agents à se conformer à la norme ou à la convention.

C’est un argument classique en sciences sociales de la part des tenants de l’individualisme (ontologique et méthodologique). Cependant, il me semble clair qu’il n’est pas totalement convaincant. Tout d’abord, il faut prendre en compte le fait que les agrégats ou les institutions peuvent se constituer en « objets sociaux ». Par exemple, en principe il est tout à fait possible de manipuler les chiffres de l’inflation sans modifier les comportements sous-jacents. Cette manipulation est permise par le fait que l’inflation est un indicateur statistique qui est construit et non pas une donnée naturelle qui reflète automatiquement un certain état microéconomique. Les indicateurs statistiques peuvent avoir un impact sur le comportement des agents, même s’ils sont déconnectés de toute réalité économique. Le problème avec cet exemple est qu’ici nous avons implicitement abandonné le principe de survenance. Mais prenons l’institution du code de la route et plus particulièrement la règle du feu rouge. Cette règle se matérialise par le fait que tout monde pense que tout le monde va s’arrêter au feu rouge, ce qui conduit tout le monde à se comporter en conformité avec cette croyance. Maintenant, il nous est tous arrivé de nous arrêter à un feu rouge alors même qu’il est évident que l’on est seul sur la route et qu’aucune voiture de police n’est à l’horizon. Pourquoi nous arrêtons-nous malgré tout ? Parce que la règle a un impact sur notre comportement, au-delà du comportement des autres conducteurs. En allant un peu plus loin, et en adoptant une approche en termes de théorie des jeux, nous respectons un équilibre (une institution) en formant des croyances sur les croyances des autres individus. En pratique, il est bien évident que cela ne se passe pas ainsi ne serait-ce qu’en raison de la complexité épistémique de la situation. Si je m’arrête à un feu rouge, c’est parce que je connais l’existence de la règle et éventuellement parce que je sais que les autres conducteurs connaissent son existence. La règle agit comme un réel instrument de corrélation de nos croyances.

Quelle est la nature (l’ontologie) d’une telle règle ? Une règle s’apparente finalement à une proposition ayant un contenu sémantique déterminé. Les règles rentrent ainsi dans le contenu de nos états intentionnels. Par exemple, pour expliquer l’action X (pourquoi je m’arrête au feu rouge même s’il n’y a personne), on invoquera (par exemple) le désir de se conformer à la règle Y (le code de la route). Formellement, le désir D = [se conformer à Y en faisant X] cause [se conformer à Y] cause [X]. La règle Y intervient ainsi dans le mécanisme causal qui conduit à l’action. Par ailleurs, et c’est le dernier point à souligner, on peut se demander comment le contenu sémantique de la règle est déterminé par chaque individu. D’un point de vue wittgensteinien, la détermination du contenu sémantique de la règle semble présupposer l’existence d’une communauté dans le sens où la signification d’une règle est la signification que lui donne une collectivité. Or, la délimitation de la communauté pertinente dépend elle-même d’autres règles.

Je ne peux me prononcer sur la validité de l’argument de l’exclusion sociale en philosophie de l’esprit, mais il me semble clair qu’il ne peut s’étendre aux sciences sociales. Plus exactement, il est inopérant dans le cadre de la relation individus/institutions parce que la signification d’une institution (d’une règle) est sous-déterminée par les comportements à partir desquels elle survient. Ironiquement, accepter cela ne veut pas dire rejeter le physicalisme réductionniste : après tout, la signification qu’un individu donne à une règle résulte de mécanismes neuronaux et donc purement physiques. Mais cela ne fait que prouver que les débats mind/body et individus/institutions ne sont pas isomorphiques, comme cela tend parfois à être considéré.

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9 réponses à “Physicalisme, exclusion causale et institutions

  1. Je crois, comme vous, en effet, qu’il est difficile de vouloir étendre aux sciences sociales l’argument de l’exclusion causale de Kim (dit argument de la survenance).

    On ne peut pas dire que l’argument de Kim soit entièrement toléré par l’ensemble des philosophes de l’esprit, surtout par les tenants de la thèse standard dite du « physicalisme non réductionniste » (normal l’argument de Kim est réductionniste). Toutefois, objecter à l’argument de Kim n’est manifestement pas chose facile et lorsque l’on ouvre une brèche dans le raisonnement de Kim, le coût métaphysique est relativement élevé car il rend difficile l’usage de la notion de « pouvoir causal ».

    Le physicaliste non réductionniste, parce qu’il est physicaliste et qu’il reconnait la complétude du domaine physique, persiste à vouloir faire exister deux causes suffisantes (dans le domaine de l’esprit, une cause mentale et une cause physique). Mais ce qu’il veut montrer c’est que des propriétés dans un domaine des sciences spéciales peuvent avoir une certaine force causale de leur propre fait sans que les propriétés physiques qui les réalisent ne soient modifiées. Une telle démonstration requiert que l’argument de la survenance de Kim ne s’applique pas à certaines propriétés sous l’argument que celles-ci ne reflétent pas de véritables cas de surdétermination causale.

    Sans entrer dans les détails, disons qu’il existe deux grandes conceptions de la causalité : la causalité comme dépendance contrefactuelle et la causalité comme production. Ce point est crucial, car il se pourrait que selon la conception de la causalité que l’on adopte, celle-ci provoque ou non l’exclusion du mental. En effet, la conception de la causalité comme production donne à l’exclusion causale un caractère analytique. Si P produit P’, M n’a plus rien à faire. En revanche, si M et P sont, en vertu de la survenance, dépendants contrefactuellement et que la conception de la causalité est elle-même entendue comme dépendance contrefactuelle alors il n’y a aucun problème à concevoir une surdétermination causale systématique qui ne sera pas un cas standard. (comme par exemple, deux tireurs – une victime). L’explication de la cause de P’ mentionnera le fait que M survient sur une certaine propriété P qui est à la fois nécessaire pour M et qui cause P’. Dans la mesure où il existe une chaîne de dépendance contrefactuelle de M à P’, M est une cause de P’. Ainsi, P et M apparaissent l’une et l’autre comme des causes dans le sens où si l’une ou l’autre se s’était pas produite, P’ ne se serait pas produit non plus.

    Il s’avère que la conception interventionniste de Woodward est une conception contrefactualiste de la causalité. En conséquence, elle peut, à première vue chercher à objecter à la conclusion de Kim en montrant que l’exclusion ne s’applique pas aux propriétés survenantes. Toutefois, cela demande que soit éclaircie la légitimité de la présence de deux causes différentes pour un même effet ? Comme on le voit, si on accepte cela il nous faut admettre que cette conception de la causalité se distingue clairement de celle qui soutient que les relations causales sont des structures réelles de notre monde ou, pour le dire autrement, que la cause produit un effet.

    Bref, l’argument de la survenance de Kim peut peut-être remis en cause à la seule condition que l’on adopte une conception contrefactualiste de la causalité et que l’on ne parle que de propriétés survenantes. De plus, cette adoption aura pour conséquence qu’il deviendra très difficile de parler de « pouvoir causal » dans le sens effectif de pouvoir. Quant à l’intuition de la réalisation multiple, qu’il faudra élever au rang de théorie, elle devra être aussi une composante de cette remise en cause. Comme on le voit, ce n’est pas gagné lorsque l’on veut rendre compte de la relation entre le mental et le physique de manière solide. Et là, il ne s’agit que de relations entre deux domaines à l’intérieur du même individu. De là à chercher à appliquer l’argument de la survenance de Kim aux sciences sociales, il y a, en effet, un gouffre qu’il paraît téméraire de vouloir franchir.

  2. elvin

    Si plutôt que  » les états mentaux surviennent des états physiques du cerveau « , je dis que les états mentaux sont l’expression des états physiques du cerveau, autrement dit que états physiques et états mentaux sont une seule et même réalité décrite de deux façons différentes à deux niveaux différents, dans quelle catégorie est-ce que je me range ? Je n’ai pas l’impression d’être éliminativiste mais physicaliste réductionniste, et en disant non pas que P produit M, mais que M est P décrit à un autre niveau, j’élimine le problème de la causalité entre niveaux. En effet, il me semble que dire que M a un pouvoir causal différent de celui de P est totalement arbitraire..
    Où est l’erreur ?

    • La relation de survenance exprime une caractéristique de dépendance du mental sur le physique ou, sa converse, de détermination du mental par le physique. Autrement dit, rien dans le mental ne pourrait exister, à moins qu’il ne soit strictement occasionné par le physique. On la traduit par une co-variation de propriétés. M co-varie avec P.

      Si l’on soutient que les états mentaux sont une seule et même réalité, il faut savoir si l’on parle d’événements ou de propriétés. La thèse standard admet l’identité des événements mentaux et physique (D. Davidson). C’est une thèse souvent non-réductionniste. Si l’on soutient la thèse de l’identité des propriétés on défend alors la thèse de l’identité des types (Smart, Place, Feigl, Armstrong…). C’est une thèse qui est en accord avec le réductionniste, que J. Kim amende en avançant le concept de réduction dite « conservative », c’est-à-dire, que le mental est conservé dans le physique.

      Lorsque vous remettez en cause l’idée qu’une instance de propriété M pourrait avoir des pouvoirs causaux de son propre chef, des pouvoirs causaux différents ou en plus de ceux de sa base survenante P, vous adoptez une approche réductionniste.

      • elvin

        Merci à François Loth de ces précisions.
        Pour être plus précis sur ma position, je pense que P et M sont deux descriptions d’un seul et même phénomène ou évènement, mais qui peuvent comporter des propriétés différentes.
        Pour prendre une analogie physique, un gaz et l’ensemble des molécules qui le composent sont un seul et même objet ou phénomène. « Gaz » est le mot qu’on utilise pour désigner cet ensemble de molécules pris collectivement. A ce niveau, cet ensemble possède des propriétés (température, pression, volume,…) que chacun de ses éléments ne possède pas. Mais ce n’est pas pour autant un objet différent.
        De la même façon, un être humain et l’ensemble de ses organes, dont le cerveau et les neurones qui le composent, avec leurs interrelations existantes, sont un seul et même objet ou phénomène, mais l’être humain possède des propriétés qu’aucun de ses organes ne possède, dont la conscience, le libre-arbitre, etc.
        Dans les collectivités humaines, la question se complique du fait que chaque élément (individu) contient une représentation du ou plutôt des collectifs auxquels il appartient. Cette représentation a un pouvoir causal dans la mesure où elle contribue à déterminer les actions de l’individu. De plus, chaque individu considère que cette image est celle d’une réalité qui est distincte de lui-même, ce qui est exact, et a tendance à en déduire par généralisation que c’est une réalité distincte de l’ensemble des individus qui la composent, ce qui est faux.
        Il faut d’ailleurs noter que ces représentations du collectif sont construites par chaque individu pour son propre compte et peuvent être (et sont de fait) différentes d’un individu à l’autre.
        Autrement dit, un éventuel pouvoir causal du collectif sur l’individu est intermédié par la représentation du collectif que s’est construite cet individu, représentation qui est une composante de l’individu, ce qui nous ramène à l’individualisme méthodologique.

  3. Titan

    Le physicalisme qu’il soit réductionniste ou non, explique que les faits qu’ils soient réalisés ou non, sont la construction d’états mentaux.
    Mais le courant CONSTRUCTIVISTE auquel il appartient n’explique les faits que par ces processus mentaux. Par exemple, le concept de causalité comme production, et sans le principe de survenance pour Woodward. Or, si on fait varier l’inflation ou un paramètre du monde, on change une réalité, et donc on sort du cadre du physicalisme.
    En sociologie, les règles se fondent sur un REALISME philosophique; cadre institutionnel, réglementation..
    Et comme vous le remarquez C.H, l’ontologie de ces règles ne peuvent pas se justifier par un processus mental individuel.
    C’est même ce qui justifie les sciences sociales (la présence d’institutions comme la monnaie, et leur interprétation symbolique par les individus). Mais comment alors supposer que ses règles soient à l’origine en chacun des individus, ainsi que les déductions faites sur le comportement des autres agents… (cf exemple du feu rouge)

    • Le physicalisme est une position métaphysique qui affirme que tout ce qui existe est physique ou que toute chose survient sur le physique. Le physicalisme est donc la thèse qui nous incite à croire que le mental est physique ou, pour le dire d’une manière moins restrictive, que le mental survient sur le physique, c’est-à-dire que rien dans le mental ne pourrait exister, à moins qu’il ne soit strictement impliqué par le physique. Un tel physicalisme, reconnaissant que chaque chose est physiquement constituée, et non que chaque chose devrait être étudiée par des méthodes en usage dans les sciences physiques, est plus ontologique que méthodologique. Cette conception du physicalisme se démarque en particulier de la thèse de la généralité de la physique qui donne à la physique une place fondamentale parmi les sciences de la nature.

      Le physicalisme s’entend comme une thèse métaphysique réaliste. Le réalisme est une thèse d’indépendance de l’esprit. Ainsi, je ne pense pas que l’on puisse dire que le physicalisme se présente comme une construction.

      • Titan

        Je ne suis pas un spécialiste du physicalisme. Je connais seulement les grandes philosophies. Tout ce qui est écrit sur le physicalisme sont des règles logiques (ontologiquement Métaphysique), on choisit ensuite de les rattacher au réel, mais son degré de corrélation avec le réel est de toute évidence très faible. D’ailleurs, sa vérité « métaphysique » est réfutable, donc elle n’est pas immuable et ne fonde pas une Réalité métaphysique en tant que telle.

        Comme le physicalisme n’est pas fondée sur le réel, mais sur la possibilité d’états mentaux, elle ne fonde pas non plus un réalisme.
        De plus, quand on réalise son extension à l’économie, on ne tient pas le physicalisme comme identité forte. On se rattache à ses règles logiques Mais, il n’y a pas de réciprocité entre ses prédicats logique, et la conception défendue des états mentaux des individus qui peut être très différente du physicalisme, en étant gouverné par: des valeurs, un sens politique, des intuitions.. Par exemple l’explication de votes, de réglementations, de conception d’une 7ème dimension, de l’espace Hilbertien et de Calabii-Yau, n’ont rien de physicaliste.
        Par l’impossibilité du physicalisme à expliquer les institutions dans ses fondements, on en revient à l’illustration du Feu rouge dans laquelle CH me rejoint quand aux conclusions à faire; les états mentaux ne sauraient se substituer aux règles qui gouvernent le bon fonctionnement des sociétés. Or, ces règles ne sont pas contre nature, et beaucoup plus intuitives que l’espace de Hilbert.

        Enfin, fonder une « métaphysique réaliste » n’est utile que si elle permet de résoudre le problème posé par Husserl. Sinon, on associe le nom de deux écoles qui s’affrontent: Métaphysique contre Réalisme, sans donner une troisième voie pour donner sens au grand projet philosophique.

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