L’idée d’évolution en économie : de Veblen au darwinisme universel

Il y a quelques semaines, j’avais fait une série de billets sur le thème « Economie et évolution ». Pour les retardataires, voici un récapitulatif :

* Economie et évolution : Marché et « sélection culturelle »

* Economie et évolution : Une question de processus ou d’équilibre ?

* Economie et évolution : une interview de Peyton Young

* Economie et évolution : le processus de sélection des institutions

* Economie et évolution : évolution socio-culturelle versus évolution biologique

On peut également ajouter à cette série ce billet fait lors des premiers jours d’existence de ce blog sur la discrimination : La discrimination comme processus évolutionnaire.

Ces billets m’ont largement servie de base pour rédiger ce « petit » papier que je présenterai le mois prochain à une journée d’étude. Je le met ici tout en sachant qu’il y a peu de chance que quelqu’un le lise (surtout qu’il est en anglais !) mais sait on jamais. Tous les commentaires sur le fond comme sur la forme (sur mon anglais un peu foireux notamment !) sont les bienvenus. L’idée est de montrer que blog et recherche peuvent être complémentaires : le simple fait de se forcer à faire de courts billets permet de mettre sur papier ses réflexions et des les structurer beaucoup plus facilement, ce qui fait gagner beaucoup de temps au moment de la rédaction. Ex post, je veux voir si le blog peut servir de média efficace pour diffuser et discuter des travaux académiques.

Voici le papier : « The Idea of Evolution in Economics : From Veblen to Generalized Darwinism« . 

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8 Commentaires

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8 réponses à “L’idée d’évolution en économie : de Veblen au darwinisme universel

  1. isaac

    Bonjour,

    Je viens de lire votre papier, qui a été pour moi qui suis nul en anglais, facile à lire. Je vous livre en vrac mes impressions (bien que je n’y connaisse pas grand chose dans ce domaine) :

    – premièrement je trouve ça agréable à lire car à la fin du papier j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour de la question en ce sens que vous avez répondu au question que je me posais à la lecture de la première partie dans la seconde.

    – Concernant le critique relative au mode de sélection (naturel vs artificiel), et la capacité humaine de choisir, il me semble que les deux ne sont pas contradictoire si l’on considère que ce libre arbitre est avant tout une capacité à créer (sous entendu une chose nouvelle) et ceci rentre dans le principe de variation. C’est ce que vous signifiez en pointant du doigt en montrant que les jeux évolutionaires ne suffisent pas en tant qu’ils passent à travers la variation via le storytelling.

    -En me basant sur le point précédent une question me vient à l’esprit : quelle est le rôle de la science économique pour Veblen? et plus précisément où la place-t-on dans la théorie (variation ou sélection?)

    -Il y a juste une chose m’a gêné dans ma lecture, la superposition des acronymes (CH, GD, EGT)

    Je sais pas si mes remarques sont très pertinentes mais sait on jamais

  2. C.H.

    Tout d’abord, un grand merci pour vous être donné la peine de lire ce texte, qui est quand même assez long et un peu ésotérique.

    Sur vos remarques et questions qui sont tout à fait pertinentes :
    a) sur les acronymes, c’est vrai que cela rend peut être la lecture difficile, il y en a peut être un ou deux de trop.

    b) Si le papier répond à la fin aux questions qu’il fait se poser au début, c’est cool c’est le but de la manoeuvre 😉

    c) Sur la sélection et l’intentionnalité humaine : le truc c’est que la sélection artificielle est une partie de l’ensemble plus large de la sélection naturelle. La première se développe au sein de la seconde, ce ne sont pas deux alternatives. Et, effectivement, la création correspond à la variation. Le point critique, c’est la question du feedback entre génotype et phénotype qui n’existe pas au niveau biologique mais qui semble exister au niveau culturel. La question du storytelling en théorie des jeux est liée et est également importante. En fait, ça faisait plusieurs mois que j’avais développé dans mon coin cette réflexion jusqu’à tomber sur un article récent du Journal of Economic Methodology qui va dans ce sens. A mon avis, c’est un point absolument essentiel qui est très peu soulevé dans la littérature.

    d) La question du rôle de la science économique chez Veblen est extrêmement complexe. Veblen a rédigé une série de trois articles sur ce qu’il nomme les « préconceptions » de la science économique et il n’y a pas de consensus sur la manière dont on peut les interpréter. Le premier point c’est que, contrairement à d’autres institutionnalistes très influencés par la philosophie sociale de John Dewey, Veblen ne faisait pas de la science (et a fortiori de l’économie) un outil de réforme sociale. Veblen avait plutot une conception du travail scientifique comme « value free » et normativement désintéressé. Dans ses articles sur les préconceptions, il constate que la science économique n’est pas encore une science « post-darwinienne » mais que les choses s’améliorent progressivement. Mais, le point clé, c’est qu’il estime que la pratique scientifique est elle même un produit de l’évolution et de la sélection naturelle. En fait, la science est d’abord l’un des objets de l’évolution avant d’en être un vecteur.

  3. isaac

    serait-il possible d’avoir les réf de l’article du JEM?

  4. C.H.

    Il est en bibliographie dans mon texte. Les auteurs sont Grune-Yanoff et Schweinzer (ou un truc comme ça).

  5. Très intéressant, très bonne synthèse, j’ai appris plein de choses. Il y a quelques gallicismes et coquilles dans le texte anglais, mais rien d’insupportable ou qui résiste à une relecture.
    Sinon, avez-vous lu le bouquin de Seabright (the company of strangers) et des choses de Paul Ormerod? Dans « why most things fail » ce dernier met en évidence des distributions similaires entre les grandes extinctions de l’histoire biologiques et les disparitions d’entreprises, et fait pas mal de jeux évolutionnistes.

  6. C.H.

    Effectivement, il y a encore un certain nombre de coquilles, il va falloir que je corrige ça. Sinon merci pour cet avis.
    Je n’ai lu ni Seabright ni Ormerod mais l’article de Seabright dans le FT m’a interpellé. Je pense que je vais aller jeter un oeil du côté de ces deux bouquins. Merci pour ces références !

  7. Gu Si Fang

    Très intéressant et pédagogique!

    1) dans la note de bas de page n°7, que signifie le « initially » pour Veblen; était-il nostalgique d’un certain « état de nature »?
    2) par quel raisonnement justifie-t-il l’idée que l’institution de la propriété privée encourage les comportements prédateurs (c’est-à-dire… violant la propriété privée)?
    3) il y a en filigrane dans le GD l’idée que le comportement individuel est déterminé, la sélection se faisant sur deux niveaux (génétique et social); quid des autres facteurs de l’individualité?
    4) quel est le but du GD? (petite question d’épistémologie, hehe)

  8. C.H.

    Pour répondre à vos questions :
    1) Je ne sais pas si on peut parler d’état de nature. Disons que Veblen considère que l’Homme est doté initialement d’une propension au travail bien fait et utile, ce qu’il appelle « instinct of workmanship » mais que certaines institutions peuvent le pervertir.
    2) En gros, Veblen considère que la société capitaliste moderne oppose les comportements d’industrie (utilent pour la communauté) aux comportements d’affaire, par nature prédateur. Ce qu’explique Veblen, c’est que la propriété appelle à la prédation car elle incite à vouloir toujours posséder plus, sans pour autant que cela rende service.
    3) Je ne crois pas que le GD conduise à dire que le comportement individuel est déterminé. La sélection sociale/culturelle n’empêche pas le libre arbitre au niveau micro de se manifester. Du reste, l’évolution sociale (comme biologique d’ailleurs) est indéterminée : on ne sait pas vers quoi elle tend.
    4) Très bonne question. Sur un plan normatif, aucun, si ce n’est peut être montrer qu’il n’y a aucun lien logique entre sélection naturelle et un certain libéralisme vulgaire. Sur le plan positif, eh bien avoir une meilleure explication de la dynamique des institutions qui affecte nos économies. Mais, très sincèrement, les concepts du GD sont tellement généraux qu’ils sont inutiles si on ne les accompagnent pas de théories (et de travaux empiriques) plus spécifiques.

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