L’utopie Keynésienne n’a pas résisté au long terme… dommage

S’il y a un texte que la Miss des villes apprécie, c’est les « perspectives économiques pour nos petits enfants » (vous pouvez le trouver dans un recueil d’articles de Keynes, (2002), La pauvreté dans l’Abondance, Gallimard, pp. 103-119). Atteindre la félicité économique, c’est un objectif qui la fait rêver… Et la miss des villes aurait très bien pu être la (arrière) petite fille de Keynes.

La Félicité économique, c’est ce qui arrive lorsque le problème économique est résolu, c’est-à-dire lorsque la lutte pour la subsistance est résolue. La félicité économique, c’est l’âge des loisirs et de l’abondance. C’est un âge ou il y a du beurre sur les tartines (même plus de beurre) et un âge où le travail qui reste à faire sera partagé, le temps de travail pourra alors être de 15 heures (non, pas 35 heures, 15 heures !!). Dans la félicité économique, les principes pseudo-moraux ne sont plus les mêmes et nous sommes « libres de nous défaire de toutes sortes d’usages sociaux et de pratiques économiques, touchant à la répartition de la richesse […] que nous maintenons actuellement à tout prix, quelques détestables et injustes qu’elles puissent être » (p. 115)

Si l’on regarde les divers aspects de la félicité économique, on voit bien qu’il s’agit d’un doux rêve, mais que non, nous petits enfants du grand Keynes ne la vivons pas :

* plus de beurre sur les tartines ??? Quelle idée !! les industriels nous en vendent aujourd’hui moins pour plus cher (cf. n’importe que journal d’hier et 60 millions de consommateurs)

* 15 heures de travail par semaine, mais Nicolas S. veut que l’on travaille plus pour gagner plus et les 35 heures sont quasiment mortes…

* Une répartition équitable des richesses, pour ne pas m’énerver, je dirai juste que la part des richesses allant au capital a pris 10 points en 30 ans. Travaillons plus pour gagner plus, surtout si on est actionnaire…

* Je ne m’attarde pas non plus sur le problème de la lutte pour la subsistance, il y aurait 4 à 8 millions de pauvres en France et prés d’1 terrien sur 2 qui vit avec moins de 2$ par jour… A titre de comparaison, un repas étudiant au RU coûte 4,20$

Mais arrêtons de dire du mal de Keynes, voyons plutôt ce qu’il proposait, quels étaient les moyens envisagés par Keynes pour que nous atteignons la Félicité ?

« Le rythme auquel nous atteindrons la félicité économique dépendra de quatre choses : notre capacité à contrôler la taille de la population, notre capacité à éviter les guerres et les dissensions intestines, la bonne volonté avec laquelle nous confierons à la science la direction des domaines qui sont proprement de son ressort, et la fixation du taux d’accumulation tel que le déterminera la marge entre notre production et notre consommation ; les trois premières choses acquises, la quatrième viendra d’elle-même. »

Cette citation a un côté rassurant que la miss des villes apprécie : il n’est pas trop tard pour agir. Par contre, il y a aussi un côté effrayant : On a rien respecté ! L

* La population mondiale a plus que doubler en 50 ans, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose puisque techniquement (hélas, pas dans les faits) nous disposons de savoir-faire en matière d’agriculture permettant de nourrir correctement tout ce petit monde.

* La miss des villes ignore si des guerres ont été évitées, elle sait juste que depuis 1930 il y a eu la 2nde Guerre mondiale, des guerres dites de décolonisation, deux guerres du Golf, le conflit israélo-palestinen, et tant d’autres. D’ailleurs, Wikipédia récence une quinzaine de guerre en cours… la miss des villes pense qu’il faudrait compléter cet article incomplet.

* Confier à la science la direction des domaines qui sont de son ressort… Et puis quoi encore ? Pourquoi pas faire de la recherche fondamentale… Non mais ca ne va pas ? La science doit produire des brevets aujourd’hui, sinon elle ne sert à rien (la miss des villes s’excuse de caricaturer l’idée générale que la science hélas subit). Et puis, on ne va quand même pas laisser décider les chercheurs des recherches qu’il faut mener… La priorité aujourd’hui c’est Alzheimer, tant pis si vous avez une autre maladie, les bénéfices potentiels de la recherche ne sont pas suffisamment élevés.

* Quatrième problème : La fixation du taux d’accumulation… et bien dans de telles circonstances, et les 3 conditions nécessaires à l’ajustement n’ayant pas été réunies, que dire … si ce n’est que c’est de la volonté d’investissements (de logement, certes d’ailleurs, pourquoi le paiement d’un loyer c’est de la consommation ?) qu’est née la panique actuelle…

 

5 Commentaires

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5 réponses à “L’utopie Keynésienne n’a pas résisté au long terme… dommage

  1. Zorg

    ( Attention, quelques fautes d’orthographe e.g. « a plus que doubler » )

    Sinon, je suis presque d’accord avec tout, sauf :
    Nous n’avons pas réellement les moyens de nourrir 6,5 milliards de personnes. Nous avons les moyens en créant plusieurs dommages environnementaux graves:
    -> pollution des sols et de l’eau par les pesticides et engrais chimique
    -> appauvrissement des sols par la monoculture, autorisée par les engrais chimique
    -> extinction d’espèces utiles par les pesticides (abeilles, vers de terre…)
    -> déforestation et extinction d’espèces potentiellement utile par ce biais
    -> érosion et assèchement des sols conséquent à la déforestation
    -> émission de gaz à effet de serre dont les engrais chimiques (dérivés du pétrole) et l’élevage intensif sont pour partie responsables -> réchauffement climatique
    -> raréfaction des ressources marines
    -> dépendance accrue aux hydrocarbures, catastrophique en cas de pénurie

    Donc, l’aspect maltusien des critères de Keynes est essentiel.

    Je note aussi que les optimistes de la « Révolution Verte » passent assez rapidementsur le fait qu’il s’agit plutôt d’une « Révolution Noire » des engrais basés sur le pétrole, et par conséquent inévitablement temporaire (vu que du pétrole, il n’y en pas une infinité).

    De plus aujourd’hui tabler sur les OGM pour pallier aux problèmes futurs, relève non seulement de la science-fiction, mais surtout d’un aveuglement et d’une totale ignorance des contraintes incompressibles de la physique et de la chimie sur la croissance des plantes. ( Comment un scientifique pourrait-il planifier un maïs OGM poussant à une vitesse considérable, si 3 milliards d’année de libre concurrence entre espèces ne l’ont pas fait ? )

  2. la miss des villes

    La miss des villes confirme qu’il est impossible de nourrir 6,5 milliards d’êtres humains « comme des américains » ou même comme des européens moyens. Il est toutefois possible, dans le respect de l’écosystème, de la biodiversité et de l’atmosphère d’apporter à tout être vivant une alimentation saine, équilibrée et suffisante en calorie et en nutriments essentiels.
    Certes, en l’état actuel des choses, se nourrir, à peu de choses prés, c’est ne pas respecter notre planète bleue et verte.
    Il y a donc des choix à faire : le fait de moins manger de viande en est un, et devrait même être le premier. Outre les dégats sur l’atmosphère de nos amies les vaches (de 4 à16% du trou de la couche d’ozone selon les modes de calcul) il est impératif de prendre en considération que pour produire un gramme de protéine animal, il faut 18 grammes de protéines végétales…. si bien que la production de céréales (blé, mais, soja) est à 60% destinée aux animaux. Mais est-ce que manger à sa faim signifie big mac matin, midi et soir ? essayez et vous prendrez quelques kilo trés rapidement… sans parler des problèmes de diabète ou de choloestérol (cf. le film supersize me).

    Les nurtitionistes recommandent de manger de la viande une fois par semaine… pas 2 fois par jour tous les jours… Mais voila, l’homme se surnourit dés qu’il le peut (le corrolaire de cette proposition est aussi que l’homme et surtout la femme est perpetuellement au régime dés lors qu’il dispose d’un revenu suffisant pour se surnourir, il en veut toujours plus et ne sait pas vivre dans l’abondance sans la surexploiter).
    Si l’on ne surconsommait pas certaines richesses agricoles, les conditons seraient bien différentes.
    En l’état actuel des techniques de production, 50% de céréales en plus (laissons aux animaux 10% de la production de céréales pour la production d’ouefs, de lait et un steack à l’occasion), cela voudrait dire que l’on peut nourir toute la planête mais aussi, qu’il resterait un excédent de production qui permettrait d’envisager un mode de culture plus respectueux de l’environnement.
    Hélàs, de tels choix ne sont pas à l’ordre du jour et les végétariens sont encore considérés comme des marginaux qui « font chié leur monde » (pardon pour l’expression mais elle reflète tellement bien la réalité)

    ps : Bien qu’elle remercie le lecteur averti, la miss des villes se fiche de l’orthographe et renvoie toute personne qui lui en voudra sur les quelques fautes qui peuvent trainer sur les divers forums existants sur le web pour « 1 bel recherche à la fote d’ortorgafe » qui sera sans nul doutes beaucoup plus fructueuse. La miss des villes recommande tout particulièrement les forums autour des jeux vidéo, véritable florilège de décadence orthographique…
    La miss des villes promet d’engueuler son correcteur orthographique d’avoir laissé passer des fautes… si vous en avez un bon à lui conseiler pour éviter que ce genre d’accident ne se reproduise

  3. Zorg (Anonyme Averti)

    Le lecteur averti n’est pas très regardant avec l’orthographe ou le style,
    mais pense que c’est un plus dans un blog qui sera (est?) lu par des esprits avisés,
    un forum de jeu vidéo étant un café comptoir ne demande pas cette qualité
    (même si elle est aussi appréciable dans un forum de jeu vidéo).

    Si l’on devient tous végétariens, on déplacera simplement le problème de :
    « on ne peut pas nourrir 6.5 milliards de personnes » à
    « on ne peut pas nourrir 9 milliards de personnes »
    ce qui n’est pas fondamentalement différent, à 30 ans près.
    Et puis, compter sûr un changement de comportement alimentaire aussi radical, finalement, c’est encore plus utopique que de compter sur un changement d’habitude « reproductive », qui lui a eu lieu en Europe à grande échelle.
    Je suis prêt à n’avoir qu’un ou deux enfants, mais un bon steak, est-ce négociable ?

    D’autre part, je ne suis pas convaincu que c’est la surconsommation de McDo aux USA qui cause la famine en Afrique, cette idée (exprimée dans ces termes) me paraît simpliste.
    Je crois plutôt que c’est d’avoir imposé aux Africains notre mode de vie, alors qu’ils étaient parfaitement autosuffisants en particulier du point de vue alimentaire, y compris dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs qui a démarré le problème.
    L’urbanisation, l’agriculture incontrôlée ont causé les désastres environnementaux et démographiques que l’on sait, et qui sont à l’origine des problèmes actuels.
    Ce n’est pas en envoyant des grains de riz en Somalie et des aides financiaires aux dictatures, mais bien en faisant là-bas des projets d’investissement locaux (micro-crédit = subprime ! ), et en y transférant des compétences en gestion de l’environnement que l’on résoudra le problème, nonobstant mon steak quasi-quotidien.

  4. la miss des villes

    La lecture de tels commentaires, au beau milieu d’une période économique mondiale difficile, pourrait donner envie à la miss des villes de laisser tomber tout espoir d’un monde ou règnerait l’abondance et où ses petits enfants pourraient vivre la félicité économique …
    L’idée générale du commentaire de Zorg est que des choix ont été faits quant aux modes de production, quant aux comportements alimentaires et quant à l’aide au développement. Ce serait donc ces choix qui empêcheraient d’atteindre la félicité économique.

    Cela renvoie la miss des villes vers des divagations autour de l’intérêt général et du rôle des experts pour déterminer cet intérêt (on fait l’hypothèse que ce dernier existe, comme l’a faite l’UE en excluant les services sociaux d’intérêt général et les services économiques d’intérêt général de la directive service, les mettant à l’abri de la concurrence d’intérêts individuels). Quand elle dit expert, la miss des villes veut dire scientifiques. De quelle marge de manœuvre disposent réellement les experts pour leurs analyses, leurs préconisations… Peuvent-ils se placer dans une situation où l’intérêt général l’emporterait sur les intérêts individuels ? Il leur faut en effet tenir compte des attentes des commanditaires du travail : le ministre qui écrit la lettre de mission, l’entreprise qui finance leurs recherches (et in fine leur pain quotidien)… La miss des villes est pessimiste sur ce point. Le politique et le brevet règnent en absolu monarque sur la recherche, même si des résistances existent 🙂
    Dans ces conditions, l’intérêt général n’a aucune chances de s’imposer (on peut même oser le justifier en avançant qu’il n’est pas paréto-optimal). On en revient bien sur l’un des quatre axes préconisé par Keynes, laissez la science (les chercheurs, experts et autres) faire elle même les choix qui lui reviennent,
    L’optimisme regagne la miss des villes quand elle réalise que pour boucler son raisonnement, elle se doit d’ajouter que : pour vivre dans un monde heureux, il faudrait que l’on puisse laisser les chercheurs mener les travaux qu’ils souhaitent … en espérant que Keynes ait eu raison (mais l’espoir fait vivre la miss des villes) et que ces travaux aient bien pour objectif l’intérêt général.

    ps : la miss des villes prie Zorg de bien vouloir accepter de l’excuser des délais de réponse

  5. Zorg

    Les choix partent de bonnes intentions, mais quand ça ne marche pas il faut savoir changer: c’est un peu comme avec la PAC. Il ne s’agit pas de dire que la situation eut été meilleur en cas d’inaction totale !

    Keynes a sans doute raison, la liberté est encore plus essentielle dans le monde des idées que dans le monde du marché. Les chercheurs l’ont compris, et c’est pour cela qu’ils partagent l’information mieux que tous les autres milieux.

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